Il y a maintenant plus de 10 ans, ma première aventure de rénovation débutait avec mon conjoint et l’achat de notre longère. Nous allions conserver les murs et la toiture/charpente et refait entièrement le reste. C’est aussi cette première expérience qui me donna le goût des travaux. L’information sur la rénovation écologique n’était pas autant à portée de main qu’aujourd’hui, les matériaux pas aussi développés, et notre conscience individuelle et collective n’ont plus. Nous même avons évolué à travers ces années. Nous n’aurions pas forcément fait les mêmes choix que ce que nous avons fait il y a quelques années, pris différemment en compte ce que nous jugions comme des contraintes hier. L’idée est, à travers cet article, images et vidéos, est de retracer les étapes de cette première expérience, de tirer un bilan de ces 10 dernières années et de partager ce qu’on en retient aujourd’hui.
Après de très nombreuses visites nous allions enfin pouvoir poser nos valises, à deux. Nous avions trouvé le bâtiment qui cochait la plupart de nos critères (emplacement, environnement, budget, pierres, travaux…). Il nous a fallu ensuite beaucoup d’huile de coude, d’entraide, de patience, d’apéro, de conseils… pour construire ce qui est aujourd’hui notre « chez nous ». Il n’est pas idéal, il n’est pas parfait, qu’est-ce qu’il est ? Il nous a permis d’apprendre, d’expérimenter.
L’aventure de notre rénovation a commencé en 2013. Malgré quelques surprises par rapport au terrain entre la signature du compromis et la vente, nous avons emménagé un jour de grand froid, dans ce qui est aujourd’hui notre arrière cuisine et cuisine. À ce moment-là, il y avait, dans ces 15 m², une petite salle de bain et des toilettes, le strict nécessaire pour commencer les travaux. Nous avons donc rapidement installé un évier, la gazinière, le lit et réutilisé la table déjà présente dans le logement, pour nous faire un lieu “confortable” le temps des travaux.
Les petits déjeuners en hiver étaient assez frisquets. Bien que la surface était petite, sans aucune isolation difficile à chauffer, sans parler de l’humidité… Après tout, si on voulait se réchauffer, il y avait toujours de quoi faire à côté.
La première étape a consisté à vider la maison. Les anciens propriétaires et le voisinage ayant récupéré ce qui les intéressait et laissé tout le reste… ! Je n’ai pas compté le nombre de sacs remplis de vêtements, papiers, de bouteilles de cidre vidées (on a rempli le conteneur à verre de la commune rien qu’avec toutes ces vieilles bouteilles), des vieux sacs d’aliment en plastique déterrés…
2ème étape : démolition. On a commencé à démolir les cloisons intérieures et le faux plafond. On est ensuite passé au piquetage du vieil enduit ciment. Et tout ça au marteau et au burin. Vu le chantier, on aurait quand même pu s’acheter un burineur dès ce moment-là… C’est là qu’on se dit après coup qu’on était jeune et en forme, on s’est fait les bras au moins.
À la cave aussi on s’est fait les bras. On a tout de même fait appel à un super conducteur d’engins et pris mini-pelle et chargeuse pour creuser l’intérieur. Mais en périphérie, nous ne voulions pas risquer de toucher aux fondations c’est pourquoi nous avons gardé 40 cm sur tout le pourtour et remonté un muret. À l’entrée de la cave, pas grand-chose à creuser, par contre dans le fond, la pioche à quelques heures au compteur…
En septembre 2013, coulage de la dalle de cave. Après cette étape, on a pu enchaîner sur la fosse septique en paille de coco et sur la dalle entre la cave et le rez-de-chaussée. Puis démontage du plancher et des poutres (trop abîmés) et installation des poutrelles et hourdis. Une vraie forêt d’étais dans la cave. La dalle a été coulée en janvier 2014.
Puis c’était parti pour le plancher de l’étage, démontage du plancher et des poutres (au vu du faux aplomb important, nous avons préféré repartir à neuf là aussi) et installation des nouvelles poutres (lamellé collé par rapport à la section) et solives – Mon père avait fait couper des poutres par une scierie mobile que nous n’avons finalement pas utilisées sur conseils de professionnels (“trop vert” venant d’être coupé). Après coup nous avons finalement eu d’autres sons de cloches.
En parallèle nous nous sommes également un peu occupés des extérieurs.
Après avoir sablés les pierres, nous avons fait les joints sur une partie d’un des murs intérieurs. Puis nous avons monté les cloisons en brique, installé le plancher chauffant et fait couler la chape.
Le plancher de l’étage étant installé nous avons isolé les rampants, passé les réseaux et commencé à plaquer.
À l’arrivée des beaux jours, et après quelques sueurs froides (tout était calé, les vacances de chacun posées… plus de nouvelles de l’artisan… qui a finalement répondu présent le jour J), nous avons réalisé le chaux-chanvre projeté, sous forme de chantier participatif avec la famille et 1 ami et 1 encadrant (2 les 2 premiers jours pour le fonctionnement de la machine…).
Grosse étape de notre chantier puisque on peut finalement dire que “l’isolation” (correction thermique) et les finitions des murs ont été réalisées en quasiment une semaine.
Après ça on a pu s’attaquer au carrelage.
Nous avons installé le canapé et la table dans la partie rénovée un jour avant de recevoir 100 personnes à notre crémaillère/anniversaire fin août 2015 !
2016 fut consacrée principalement à l’étage (cloisons, peinture, sol, faïence…) et à la gestation. Puis en 2017 aux travaux dans la cuisine et arrière cuisine et au parentage. 2018, la famille s’agrandit, nouvelle chambre à finaliser à l’étage.
Pause en 2019. Piquage et joints extérieurs à l’été 2020 (sous le soleil). L’été 2021 fut consacrée à la réalisation de la terrasse en bois (sous la pluie).
Les 10 ans en vidéo :
En accéléré x8
Leçons tirées de cette aventure, qui se poursuit encore…
Les satisfactions :
- La durée des travaux, finalement on a quand même bien carburé pour tout ça. 2 ans et demi entre l’entrée dans la maison et le déménagement dans la partie principale, cela reste très correct en ayant des emplois salariés à plein temps et en y consacrant essentiellement les week-ends et vacances. Faut dire aussi que les enfants sont arrivés au bon moment (s’ils étaient arrivés un peu plus tôt les délais n’auraient pas été les mêmes…).
- Aussi, niveau budget on a réussi à faire les travaux sans rajouter un prêt. Nous avons fait un prêt sur 15 ans pour l’achat de la maison. Nous avons réussi à financer les travaux avec nos économies au fur et à mesure (La cuisine et l’escalier ont été financés avec l’héritage de 10 000 € de ma grand-mère). Nous n’aurions pas réussi à faire tout ça sans l’aide de nos proches et les nombreux coups de main de la famille et des amis.
- Même en y passant quasiment tous les weekends et nos vacances on a tout de même réussi à s’accorder du temps pour des sorties entre amis, en famille…
- Le chaux chanvre…. Au niveau confort et esthétique, il n’y a rien à redire. Entre la cuisine en placo/laine et le salon/séjour en chaux/chanvre, il y a quand même une différence en terme d’ambiance, de confort… J’ai déjà remis à plusieurs reprises des touches de peinture blanche dans la cuisine alors qu’ailleurs c’est ok.
- Avoir fait le gros œuvre alors qu’on pensait le faire faire, et finalement s’en être sorti (dalle notamment).
- Avoir tout de même confié certains travaux à des professionnels (pose des fenêtres de toit, chape, escalier et cuisine). Ça permet d’avoir un autre point de vue, de se décharger un peu, à vouloir être partout, on peut vite se retrouver nulle part.
Et si c’était à refaire ? Quelques regrets tout de même :
- Ne pas avoir fait de plans plus précis. Ça aurait pu permettre de penser à certains éléments en amont et avoir un peu plus de cohérence sur certaines choses notamment au niveau de la taille des pièces, leurs fonctionnalités, les rangements….
- Avoir appliqué une lasure sur les poutres, au lieu de les laisser brutes avec juste de l’huile de lin. Maintenant que c’est fait, que nous sommes installés, poncer tout, remettre de la poussière… ! Ça restera comme ça pendant un moment.
- La laine de verre dans les combles, niveau confort d’été (déphasage…), ce n’est vraiment pas le top, notamment dans la chambre située sud-ouest, et malgré l’installation d’un volet roulant ça reste chaud en été. À refaire, ça serait laine de bois.
- Ne pas avoir suivi mon intuition pour les joints, avoir pris du pré-formulé (à la chaux) et une couleur trop claire par rapport aux pierres “ardoise”.
- En gros avoir utilisé des produits et réaliser des travaux non respectueux de l’habitat et de l’environnement (dalle ciment, biodiversité…). La conscience écologique n’était pas la même qu’il y a 10 ans et l’information était largement moins développée et à portée de main qu’elle est aujourd’hui. Ces choix ont été faits dans le contexte de l’époque et aujourd’hui j’essaie d’intégrer aussi l’expression “faire et parfois mieux que parfaire”.
- Mettre des baguettes en bois dans les angles des briques (le chaux-chanvre reste plus fragile à certains endroits, notamment dans les angles saillants) et prévoir des renforts dans les murs/sous le chaux-chanvre pour pouvoir y accrocher cadre et autres décorations.
Grâce à ces expériences, j’ai pris goût aux travaux et à la rénovation, j’ai pu apprendre énormément. J’apprends d’ailleurs encore tous les jours. Bien sûr, si c’était à refaire aujourd’hui, nous referions différemment. Nous et nos besoins ont évolué, la conscience écologique à mûrie… L’objectif de cet article, comme tous les autres d’ailleurs, est simplement de partager. Et si vous souhaitez en échanger, n’hésitez pas à me contacter.